Les interventions en séance

Collectivités territoriales
Françoise Férat 25/09/2012

«Projet de loi portant création des emplois d՚avenir-Article 2-Explication de vote»

Mme Françoise Férat

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en ces temps de crise sans précédent – faut-il le rappeler que nous avons passé la barre historique des 3 millions de chômeurs ? –, notre pays est au plus bas, chacun s’accorde à le dire. Ce projet de loi est un plan d’urgence face à cette dure réalité, mais est-il suffisamment réformateur ? Voilà toute la question qui sous-tend ce débat. Je tenais cependant à saluer quelques avancées réalisées sur différents points à l’Assemblée nationale : le dispositif des contrats d’avenir professeur est désormais ouvert aux étudiants préparant les concours de l’enseignement agricole ; il est élargi aux étudiants boursiers en deuxième année de licence et en première année de master ; les établissements privés sous contrat pourront également recourir à ces emplois. Les établissements privés sous contrat d’association de l’enseignement agricole participant pleinement à la mission d’éducation de nos jeunes, il aurait été illogique, et surtout contre-productif de les exclure. Se pose également le problème de la formation, point crucial pour les jeunes les moins qualifiés qui ne trouvent pas de travail. Je me réjouis d’ailleurs que mes collègues du groupe UDI de l’Assemblée nationale aient pu renforcer ce volet, de manière malheureusement insuffisante : la systématisation de la validation des acquis de l’expérience à l’issue des contrats, l’anticipation des bilans de fin de contrat, la mise en place de l’ingénierie d’accompagnement sont, entre beaucoup d’autres, des mesures tout aussi nécessaires. Par ailleurs, le texte tend à réserver des emplois d’avenir professeur à des étudiants boursiers de l’enseignement supérieur, à ceux qui effectuent leurs études dans une académie ou dans une discipline connaissant des besoins particuliers de recrutement et qui ont résidé dans une ZUS, étudié dans un établissement situé en ZUS ou relevant de l’éducation prioritaire. Permettez-moi d’émettre des doutes sur la priorité donnée à ce zonage, en l’état. Au-delà de ces spécificités, il faut bien avoir à l’esprit que ce sont nos jeunes qui sont, en partie, le plus durement touchés par cette situation. Ils représentent malheureusement toujours la population la plus fragile sur le marché du travail et nombre d’entre eux s’en voient interdire l’entrée. Face à ce constat, l’urgence est de mise, nous sommes tous d’accord sur ce point. Je rappellerai quelques chiffres, déjà évoqués de nombreuses fois par mes collègues, mais qui sont tout à fait significatifs de la situation dramatique à laquelle nous devons faire face : aujourd’hui, plus de 22 % des jeunes actifs de seize à vingt-cinq ans sont au chômage, soit deux fois plus que la moyenne nationale ! Et ce taux grimpe à 45 % pour les jeunes non diplômés ! En regard de la dégradation du contexte économique et de l’explosion du chômage, la création de 150 000 contrats aidés semble séduisante. Ce mécanisme a d’ailleurs maintes et maintes fois été utilisé dans le passé par divers gouvernements, il faut bien le dire, afin de tenter d’enrayer le chômage. Mais qu’en est-il de la pérennité de ces emplois ? Cette question ne peut éternellement rester sans réponse ! C’est pourquoi je regrette que le texte qui nous réunit aujourd’hui ne soit pas l’occasion de la mise en place d’une politique globale de l’emploi véritablement dédiée à notre jeunesse. (Applaudissements sur les travées de l’UCR et de l’UMP.)