Les interventions en séance

Budget
16/02/2012

«Proposition de loi tendant à interdire les licenciements boursiers-Article 1er-Explication de vote»

M. Jean Boyer

Si j’interviens, alors que je n’avais pas pensé m’exprimer dans ce débat, c’est parce que j’ai travaillé dans une usine de textile qui a dû fermer ses portes en 1986 – c’est d’ailleurs pourquoi je suis devenu agriculteur – et je sais donc ce que c’est de perdre son travail. J’ai connu des familles en désarroi, victimes des premières avancées de la concurrence dans le secteur du textile ! Mes chers collègues, je n’ai pas de leçon à donner, mais je veux vous dire, avec beaucoup de simplicité, que je suis un peu contrarié que, ce matin ici, alors qu’il s’agit de sujets qui concernent l’avenir et à propos desquels nous devrions nous rassembler, nous commentions surtout le passé. Madame Lienemann, pensez-vous qu’une entreprise licencie par plaisir ? (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.) Je le dis simplement, ayant vécu ces événements contrariants dans un passé lointain. Quand tout allait bien, quand les débouchés étaient nombreux, avant que les pays sous-développés ne soient devenus nos plus terribles concurrents – et le textile fut l’un des premiers secteurs touchés (Mme Marie-Noëlle Lienemann s’exclame.) –, nous étions contents et solidaires, nous portions les couleurs de l’entreprise, on ne cherchait pas à savoir qui était patron et qui était ouvrier, on travaillait pour l’intérêt du pays. Je peux vous le dire ! Vous verrez que je ne changerai jamais d’avis, quel que soit le gouvernement. On n’a pas le droit d’être responsable et désespéré : on a le devoir d’être responsable et vrai ! Si le gouvernement actuel – et il en sera de même du suivant – ne fait pas tout, c’est qu’il ne le peut pas ! Il est tellement facile de critiquer, madame Lienemann – d’un côté comme de l’autre, d’ailleurs ! Je ne vous ai pas interrompue, madame la sénatrice. Je suis seulement un paysan de la Haute-Loire, mais j’ai le droit d’être écouté quand je m’exprime dans cet hémicycle ! (Mme Isabelle Debré applaudit.) Nous ne devons pas regarder dans le rétroviseur, mais devant nous. Quel que soit le gouvernement en place au mois de juin, nous devrons essayer de travailler pour l’avenir et non consacrer notre temps à remettre le passé en cause. Aucun gouvernement n’aurait pu empêcher ce qui est arrivé.   Je ne dis pas qu’aucune erreur, de chronologie par exemple, n’a été commise – il est facile de juger après coup –, mais notre intérêt à tous sera de travailler pour l’intérêt de la France ! (Applaudissements sur les travées de l’UMP.)