Les interventions en séance

Institutions
Hervé Maurey 15/07/2013

«Projet de loi organique relatif à la transparence de la vie publique - 1ère lecture - sur l՚ensemble - explication de vote »

M. Hervé Maurey

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l’examen de ce projet de loi organique aura, du début à la fin, été rocambolesque. L’initiative de cette réforme l’était déjà. Sans l’affaire Cahuzac, qui a révélé qu’un pilier important du Gouvernement était à la fois un grand fraudeur et un grand menteur, nous n’aurions jamais eu à débattre d’un tel texte dans cette assemblée. Je rappelle aussi que nous avons commencé la discussion de ce texte le mardi matin de la semaine dernière. Le soir même, il était renvoyé à la commission, puis rejeté par la commission qui l’avait pourtant élaboré. Un nouveau texte nous était soumis vendredi, journée au cours de laquelle quatre ministres se sont succédé au banc du Gouvernement. Voilà qui est pour le moins inhabituel ! Après que nous avons consacré quasiment toute la journée à examiner l’article 1er et à l’amender en profondeur, cette disposition a été rejetée. Beaucoup se demandent encore pourquoi. C’est très simple, pourtant ! Le groupe socialiste et le président de la commission des lois n’ont pas voulu voir que les dispositions de l’amendement cosigné non par certains membres du groupe de l’UC-UDI, mais par le groupe tout entier, rassemblaient une majorité de substitution. Cet amendement, identique d’ailleurs à un amendement du groupe du RDSE, visait à remplacer la publicité ou la publication du patrimoine par un contrôle de l’évaluation de ce dernier. Ce qui importe, en effet, mes chers collègues, c’est de savoir comment évolue le patrimoine au cours du mandat. Le patrimoine en tant que tel n’a aucun intérêt, sauf si l’on est un voyeur, et je reviendrai sur ce point. Ce n’est pas parce que vous avez un patrimoine que celui-ci est mal acquis et que vous êtes malhonnête. Tout au long de la journée de vendredi dernier, le groupe socialiste et la commission des lois ont tout fait pour empêcher que l’on débatte de cet amendement. L’amendement du groupe socialiste a été appelé en priorité et un sous-amendement a été déclaré irrecevable, alors que le scrutin avait été ouvert. C’était du jamais vu ! Or les dispositions de l’amendement du groupe centriste auraient rassemblé la majorité du Sénat, car l’UMP, l’UC-UDI et le RDSE les auraient votés, et le projet de loi organique sur lequel nous allons nous prononcer aurait eu un article 1er. Nous nous retrouvons finalement avec un texte amputé. Je suis tout à fait favorable au contrôle sur le patrimoine. Cette position ne date pas d’aujourd’hui : je l’ai formulée dans un débat de 2011, lorsque nous avons transformé en délit toute déclaration volontaire d’un patrimoine sous-évalué. À l’époque, j’avais même demandé que soit prévue une peine de prison et que davantage de moyens de contrôle et de vérification des patrimoines soient octroyés à la Commission pour la transparence financière de la vie politique. J’appelais alors à ne pas confondre transparence et voyeurisme. Cette mise en garde est malheureusement toujours d’actualité, car ce que veulent le Gouvernement et la majorité du Sénat, c’est le voyeurisme, c’est qu’on livre en pâture le patrimoine des élus, en violation de leur vie privée et de celle de leur famille. Je suis favorable à une amélioration du dispositif actuel. Par ailleurs, je ne suis pas contre ce texte, qui a été vidé de sa substance, même si je n’oublie pas son origine, qui est avant toute une opération de diversion. Par conséquent, avec un grand nombre de mes collègues, je m’abstiendrai sur ce projet de loi organique.