DANS LES MÉDIAS

LA GAZETTE DES COMMUNES : "Déserts médicaux, réduction du nombre d'élus : Mézard veut déminer le terrain"
Annick Billon, Jean-François Longeot 27/07/2017

Couverture numérique, désertification médicale, réduction du nombre d'élus... Pour sa première audition devant les sénateurs de la commission de l'Aménagement du territoire, mardi 25 juillet, le ministre de la Cohésion des territoires a présenté la feuille de route de son ministère. Jacques Mézard a également tenté de répondre aux nombreuses interrogations soulevées par la Conférence nationale des territoires.

"Nous ne souhaitons pas recommencer un big bang territorial, car nos collègues élus locaux sont, je crois, lassés de ces réformes à répétition", a affirmé le ministre de la Cohésion des territoires devant la commission sénatoriale de l'Aménagement du territoire et du Développement durable.  Face à l'inquiétude de certains élus suite aux annonces faites lors de la Conférence nationale des territoires, Jacques Mézard a tenté de déminer le terrain, sans toutefois parvenir à donner de réponse très précise.  Conférence des territoires : les annonces-surprises d'Emmanuel Macron La colère des élus après les annonces d'Emmanuel Macron  Une Agence pour la cohésion des territoires aux contours flous  Ainsi, concernant l'Agence nationale pour la cohésion des territoires, dont la création promise par Emmanuel Macron a créé la surprise, l'ancien sénateur du Cantal a précisé que la réflexion "commence tout juste" et qu'elle pourrait "aboutir dans les prochains mois". "Il nous appartiendra de mettre en place un moyen de financement", a-t-il souligné, sans donner davantage de détails.  "On connaît les demandes qui remontent des collectivités et sont de plus en plus fortes, hors métropoles, car elles n'ont pas les moyens d'ingénierie suffisants pour mener nombre de projets. Cela peut-être un des axes sur lequel cette structure interviendra, en essayant de ne pas créer un nouvelle usine à gaz", a souligné le ministre. Le sénateur LR de Haute-Saône, Michel Raison, lui a plutôt suggéré de "transformer son ministère en instance ministérielle, plutôt que de créer une agence qui n'aura pas de finances et ne pourra pas faire grand chose".  Prudence sur la diminution du nombre d'élus  Sur la réduction du nombre d'élus locaux évoquée par le président de la République, Jacques Mézard s'est également montré prudent. "Il faut avoir davantage de précisions sur les objectifs qui peuvent être visés", a indiqué le ministre de la Cohésion des territoires. "S'il s'agit de diminuer le nombre de conseillers départementaux, il faut refaire le système, parce que cela voudrait dire qu'il faut changer le nombre de cantons. S'il s'agit de diminuer le nombre des conseillers régionaux, de la même manière, compte tenu de la faible représentation d'un certain nombre de départements dans les conseils régionaux, cela pose un autre problème", a-t-il détaillé.  Jacques Mézard a néanmoins concédé qu'une diminution du nombre d'élus était possible "dans certaines strates de nos conseils municipaux". Sur cette question, le ministre a annoncé sa volonté de défendre "une position pragmatique" auprès du président de la République.  Moins de conseillers municipaux : les élus locaux mi-figue mi-raisin  "Un suivi plus contraignant" pour le numérique  Les sénateurs se sont par ailleurs étonnés des annonces du chef de l'État quant à l'accélération du calendrier prévu pour le haut et le très haut débit "d'ici la fin de l'année 2020". Jacques Mézard a indiqué avoir réuni les opérateurs en leur demandant de faire des propositions "pour le 31 juillet". "A la suite des réponses qu'ils seront amenées à nous faire, nous entamerons un cycle de discussions pour, d'ici la fin du mois de septembre, définir la feuille de route et la planification des investissements", a-t-il annoncé.  Le gouvernement souhaite ainsi "accélérer le déploiement sur les zones denses où pas tout à fait 3 millions de lignes ont été installées sur un objectif de 12,7 en 2020". L'ancien sénateur a précisé que les opérateurs avaient bien "tenu leurs engagements" jusqu'à maintenant, mais que "les objectifs, beaucoup trop bas, devaient être réévalués".  Le ministre de la Cohésion des territoires a rappelé que la situation n'était actuellement "pas satisfaisante" et que notre pays était "en retard sur le numérique". Il a notamment pointé "le problème prégnant et considérable des 15% des Français qui ne sont pas actuellement concernés par la dynamique de déploiement et pour lesquels il faut trouver une solution d'ici 2020". Il a également souligné sa volonté de développer "la 4G partout en demandant aux opérateurs de construire plus de 10 000 poteaux supplémentaires".  Mais pour cela, "il est vraisemblables que nous aurons à négocier des contreparties avec les opérateurs", a-t-il laissé entendre. Pour tenir les engagements du gouvernement, "un suivi beaucoup plus serré, contraignant et opposable" sera mis en oeuvre et un constat de "carence" pourra être envisagé si l'engagement de l'opérateur n'est pas respecté.  Déserts médicaux : l'obstacle des intérêts corporatistes  Plusieurs sénateurs ont par ailleurs interrogé leur ancien collègue sur la problématique des déserts médicaux et l'annonce de la création de 2000 maisons de santé. « A quoi bon des maisons de santé si on n'a pas de médecin ? » s'interroge ainsi le sénateur UC-UDI du Doubs, Jean-François Longeot. Le sénateur LR de la Vendée, Didier Mandelli, estime, lui, que cette annonce est "de l'ordre de l'incantation".  "Nous pouvons avoir un problème de nombre de médecin, surtout de spécialistes, mais nous avons surtout un problème de localisation des médecins. Quand on voit la carte sur le territoire, c'est une vraie fracture", a constaté Jacques Mézard. Il a laissé entendre que "la question du numerus clausus" se poserait, laissant toutefois le soin à sa collègue ministre de la Santé, Agnès Buzyn, prochainement auditionnée, de répondre sur ce point.  Les très étonnantes propositions des médecins pour lutter contre les déserts médicaux  Jacques Mézard a cependant taclé les "obstacles de caractère souvent corporatiste qui ont entrainé un blocage et mettent aujourd'hui un certain nombre de nos territoires en situation de grande difficulté". "Sans la contrainte, sans la régulation, je ne vois pas comment on va réussir à intéresser les médecins", lui a répondu la sénatrice UC-UDI de la Vendée, Annick Billon.