DANS LES MÉDIAS

L'EXPRESS : "Avec ce Sénat, Macron aura du mal à réduire le nombre de parlementaires"
Françoise Férat, Nathalie Goulet 25/09/2017

Faute de raz-de-marée électoral au Sénat, Emmanuel Macron n'a pas de majorité qualifiée pour une réformede la Constitution. L'hypothèse de ralliements de sénateurs est évoquée, mais la tâche est ardue.

Geoffrey Bonnefoy Mathématiquement, le compte n'y est pas. Avec à peine 28 sénateurs LREM au Sénat à l'issue des élections de dimanche -un de moins que sous la précédente mandature- le chef de l'Etat ne dispose toujours pas de la majorité des trois-cinquièmes nécessaire pour modifier la Constitution sans passer par la voie référendaire. Une révision qu'il compte entreprendre l'an prochain pour limiter le cumul des mandats dans le temps ou encore réduire le nombre de parlementaires.
Mais même en prenant une majorité très large, et unie, constituée en plus des 313 députés LREM, des 48 élus Modem et des 35 députés Les Constructifs pro-Macron, il manque encore au chef de l'Etat pas moins de 130 élus à convaincre. Les groupes politiques étant très figés au palais Bourbon, le chef de l'Etat ne peut compter que sur l'émergence d'une majorité "de projet" au palais du Luxembourg pour mener à bien sa réforme.  Exécutif cherche ralliements  Un objectif confirmé par Christophe Castaner, secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, ce lundi matin sur BFMTV: "[Les sénateurs] sortent un peu des systèmes dogmatiques fermés. On voit très régulièrement des prises de position qui ne sont pas celles des appareils politiques. Il va falloir travailler [...] à la constitution de ces coalitions sur un certains nombre de sujets."  Sur le papier, l'objectif semble atteignable. "C'est tout à fait faisable, d'autant plus qu'au Sénat, il y a souvent des accords" transpartisans, confirme à L'Express le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier. Avantage: "Emmanuel Macron éviterait ainsi le référendum où les citoyens ont plutôt tendance à répondre à celui qui pose la question, qu'à la question elle-même." Mais le diable se niche dans les détails.  Pas de blanc-seing à droite  Selon les informations de L'Express, la droite sénatoriale et leurs alliées centristes -majoritaire au sein de la chambre haute avec plus de 200 sièges- ne sont pas opposés "par principe" à une révision de la Constitution. "Nous avons une position très pragmatique, exigeante et indépendante, comme l'a rappelé Gérard Larcher dimanche soir", explique en  off un sénateur de Les Républicains. Avant d'ajouter: "On jugera au projet." Comprenez: il n'y aura pas de blanc-seing, bien au contraire.  Chez les centristes, le son de cloche est identique. "Je verrai ce qu'il en est des propositions du président de la République, et j'espère que nous aurons l'occasion d'en débattre", met en garde Françoise Ferat. "Je n'ai pas d'a priori, ni positifs ni négatifs, sur des modifications de la Constitution si elles vont dans l'intérêt du pays", souligne Nathalie Goulet, sénatrice UDI.  "Je suis favorable à la réduction du nombre de parlementaires, assure Françoise Ferat, réélue dimanche dans la Marne, allant ainsi dans le même sens que le chef de l'Etat. Mais sous certaines conditions. Cela ne doit pas se faire au détriment des territoires!" "Oui, il y a trop de parlementaires, ajoute la sénatrice de l'Orne. Mais nous n'avons pas encore les détails et je serai vigilante." Faute de quoi, il ne faudra pas compter sur son vote.  "Ça coincera"  De l'autre côté de l'hémicycle, les socialistes se divisent sur le soutien à apporter, ou non, au chef de l'Etat. Les communistes, eux -qui ont réussi à sauver leur groupe de justesse- ne sont pas farouchement opposés à une modification de la Constitution. "Mais il serait bon que le peuple s'en mêle", précise d'emblée Eliane Assassi, la porte-parole. Chez eux aussi, le texte de loi sera scruté à la virgule près, notamment la réduction du nombre de parlementaires qui est vue d'un mauvais oeil.  Si Emmanuel Macron est un adepte du grand écart pour tenter de concilier des positions en apparence irréconciliables, la recherche de ralliements sénatoriaux risque de lui donner du fil à retordre. "Ça coincera, persifle une sénatrice de l'opposition. François Patriat, le patron des sénateurs LREM, se raconte des films en disant qu'il arrivera à faire émerger une majorité large autour de ce projet."  Pour tenter de concilier le plus grand nombre, et atteindre le cap des 555 parlementaires, Emmanuel Macron pourrait faire des concessions. "Et abandonner tel ou tel point, à défaut de trouver un consensus", explique Jean-Philippe Derosier.  Faute de majorité suffisante, le président de la République pourrait donc revoir ses ambitions à la baisse. À moins qu'il n'opte, in fine , pour le référendum. Avec les risques que cela comporte.